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Les autres « affaires Dominique P. », accusé d’avoir drogué sa femme pour qu’elle soit violée par d’autres hommes

En octobre 2022, Dominique P. est extrait de sa cellule de la prison des Baumettes, à Marseille. Le retraité y est en détention provisoire depuis deux ans, dans le cadre de l’enquête sur les dizaines de viols commis, par lui ou des inconnus, sur sa femme qu’il avait droguée au préalable. Deux enquêteurs de la brigade criminelle sont venus de Paris pour l’interroger, à la demande d’une juge d’instruction du tout nouveau pôle « cold cases » de Nanterre. Dans la masse de dossiers non élucidés dont elle a hérité, elle a constaté que l’ADN retrouvé sur la chaussure d’une femme, victime d’une tentative de viol en 1999, était celui de Dominique P.
Estella B. était à l’époque une jeune agente immobilière en Seine-et-Marne. Le 11 mai 1999, à Villeparisis, alors qu’elle faisait visiter un appartement à un homme qui s’était présenté à l’agence le jour même, celui-ci l’avait étranglée, lui avait placé un cutter sous le cou, l’avait obligée à s’allonger sur le ventre, lui avait lié les mains dans le dos, plaqué sur la bouche une compresse imbibée d’éther pour l’endormir, retiré ses chaussures et baissé son pantalon. La victime, inconsciente, était alors revenue à elle, avait réussi à se libérer et à faire fuir son agresseur.
A Marseille, en octobre 2022, face aux enquêteurs de la brigade criminelle, Dominique P. se dit d’abord complètement étranger à cette affaire. Lors du second interrogatoire, les policiers lui signalent que son ADN a été retrouvé sur une chaussure de la victime et la moquette de l’appartement de Villeparisis, mais il persiste à nier. « Je vais vous dire la vérité, annonce-t-il au tout début du troisième interrogatoire. Par rapport à cette jeune femme qui a dû grandir et qui se questionne. C’est bien moi. »
Dominique P., qui avait 46 ans à l’époque, raconte alors avoir eu « une pulsion » en passant devant l’agence immobilière où travaillait Estella B. Mais il refuse de parler de tentative de viol.
« Que se serait-il passé si elle ne s’était pas détachée ?, lui demande-t-on.
– Je n’en sais rien.
– Vous étiez quand même bien parti pour la violer.
– Je ne peux pas vous dire. »
« Je n’envisageais pas d’avoir des relations avec elle », dira-t-il ensuite à la juge d’instruction, affirmant qu’il avait « juste l’intention de l’immobiliser (…), peut-être pour la regarder ». Ce qui ne l’empêche pas d’être mis en examen pour tentative de viol avec arme.
Les enquêteurs font un lien entre cette affaire et une autre, plus ancienne encore : le viol et le meurtre de Sophie Narme, le 4 décembre 1991 à Paris, dans des circonstances présentant des points communs troublants avec l’affaire Estella B. Le choix de la victime : Sophie Narme était, elle aussi, une jeune agente immobilière. Le mode opératoire : la jeune femme a été violée et tuée alors qu’elle faisait visiter un appartement à un homme s’étant présenté sous un faux nom, qui l’a étranglée, placée sur le ventre, lui a lié les mains dans le dos et fait inhaler de l’éther et qui a fait usage d’une arme blanche. Sophie Narme a été blessée au couteau.
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